Médaille Prix innovation face à la pandémie MMXX
Le printemps dernier marquera à tout jamais le personnel soignant. La COVID-19 avait frappé, c’était l’hécatombe dans nos CHSLD et autres résidences pour aînés. Zone froide, chaude, contagion, on faisait face à l’inconnu. Un groupe s’est relevé les manches et est venu prêter main-forte au réseau de la santé fortement ébranlé.
«J’ai pris un congé sans solde de la Croix-Rouge, il fallait agir tout de suite et proposer des solutions pour soutenir les établissements, se remémore Dre Marie Munoz-Bertrand. On a travaillé fort pour créer un modèle agile, en continuité avec les CIUSS de Montréal. On a construit l’avion en plein vol.»
Avec sa complice Anne Landry, chef d’équipe, les deux femmes qui ont de l’expérience en international, ont monté une brigade le temps de le dire. Le jour suivant, elles passaient déjà des entrevues, il n’y avait pas une minute à perdre, les éclosions sévissaient, les morts s’additionnaient.
«On a fait appel majoritairement à des médecins formés à l’étranger. Plusieurs avaient mené des combats contre l’Ebola et le choléra, ils ont des connaissances en crise sanitaire. Tout le monde s’est relevé les manches pour aider les milieux des aînés vulnérables, relate fièrement Mme Landry. Avec leur expertise, ils se sont sentis utiles, certains étaient chauffeurs de taxi, préposés aux bénéficiaires, c’est l’occasion de leur partager une expérience terrain. On est devenu une véritable famille.»
La brigade c’est une trentaine d’agents provenant d’une vingtaine de pays et parlant 15 langues. Ils sont spécialisés en chirurgie, santé publique, communication ou encore gériatrie. Ils ont fait plus de 2000 visites au sein de 305 milieux de vie différents munis de trousse de préparation et de gestion des éclosions. Ils soutiennent les établissements en éclosion et biosécurité (création de zones, d’espace d’habillage, etc.) de façon personnalisée.
Ces milieux d’hébergements sont complexes et il faut analyser chaque secteur pour contrôler les risques de contagion, de l’ascenseur, à l’accueil, à la sécurité, à la gestion, au service alimentaire… Au début, l’arrivée de la brigade suscitait la méfiance, mais une relation de confiance s’est bâtie et les gens ont vite compris que leur but n’était pas de jouer à la police, mais de les outiller dans l’objectif commun d’éviter les éclosions par de bonnes pratiques. C’est une approche transversale, tous ont un rôle à jouer.
Le projet a même aidé les communautés religieuses, laissées à elles-mêmes durant la crise, et pourtant vulnérables au coronavirus. Une sœur médecin en transit entre deux missions s’est jointe à l’aventure!
«On s’est adapté à l’évolution de la pandémie. En très peu de temps, on a réussi à positionner la brigade, prouver son utilité et sécuriser la pérennité du projet. Les cas de COVID-19 sont généralement contenus. On voit concrètement l’effet de la prévention», note Dre Munoz-Bertrand qui souligne le soutien extraordinaire reçu par les CIUSS.
La brigade pourrait aussi être indispensable dans d’autres circonstances comme des éclosions de grippe ou de gastro-entérite. La formation continue se poursuit. Certains agents profitent de cette expérience concrète dans le réseau de la santé pour se réorienter.
L’équipe comprend également des conseillères en soins infirmiers, des infirmières cliniciennes, des médecins-conseils et des agents de planification, programmation et recherche. «C’est un projet très mobilisateur, à l’interne, tout le monde a embarqué, même si cela s’ajoutait aux responsabilités du quotidien. Chaque jour, on constate les retombées positives», s’exclame Mme Landry qui espère que le modèle soit repris à travers la province.