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Un levier pour la guérison du pied diabétique, mention honorable Prix Hippocrate 2016


Quand un projet interdisciplinaire prévient les amputations

Par: Fadwa Lapierre

Le diabète est en explosion au Québec. 830 000 personnes vivent avec cette maladie, soit plus de 10 % de la population.

On estime que plus de 40 000 patients sont aux prises avec le pied diabétique. La perte de sensibilité causée par la neuropathie engendre le risque qu’une blessure passe inaperçue et s’infecte. Cette condition peut amener des conséquences très graves, allant jusqu’à l’amputation. En effet, le diabète est responsable de plus de 50 % des amputations d’origine non traumatique.

Depuis que la podiatrie a intégré le milieu hospitalier en 2012, le Dr Sébastien Hains a développé un projet interdisciplinaire pour la guérison du pied diabétique au Centre hospitalier régional de Lanaudière, instauré par l’Université du Québec à Trois-Rivières.

« Tout a débuté par des stages des doctorants en podiatrie. La collaboration entre le milieu hospitalier et universitaire était appréciée et pratique. Au tout début, nous avions organisé une polyclinique externe de soins de plaies deux fois par mois. L’initiative a été si populaire qu’aujourd’hui nous la tenons deux fois par semaine et on ne suffit pas à la demande. », indique le podiatre.

Son équipe est formée de l’omnipraticienne Dre Marie-Frédérique Thibault (prise en charge globale du patient), de l’infirmière stomotérapeute Luce Martineau (expert-conseil de la clinique interdisciplinaire de soins de plaies) et du chirurgien vasculaire Dr Michel Legault (chirurgie en cas de complication). 

« Ces spécialisations combinées nous permettent d’obtenir des résultats concrets dans la prévention et la guérison des plaies du pied diabétique, précise-t-il. La détection est précoce et la prise en charge appropriée. »

Avec 68 plaies guéries sur 99 traitées, le taux de fermeture des plaies est passé de 10 % à 69 % grâce à la clinique interdisciplinaire. Dr Hains avoue qu’au départ, il y avait beaucoup de méconnaissance face à son travail et au rôle de la polyclinique, mais les résultats ont vite fait rayonner le modèle de coopération. Les bénéfices humains et monétaires sont notoires.

Selon lui, les plaies sont trop souvent traitées comme un problème dermatologique, alors qu’il s’agirait plutôt d’une complication mécanique. Bottes de décharge pneumatique, chaussons plâtrés, plâtres de contact total ou souliers de décharge sont nécessaires à la guérison.

« Le pied diabétique interpelle peu le système public. Pourtant, il  touchera de plus en plus de gens, étant plus fréquent chez la population âgée. C’est scandaleux de constater que la réaction est déficiente, nonobstant les outils disponibles. La charge du pied, malgré la preuve de son efficacité, est le parent pauvre du traitement. »  Il rappelle une étude européenne ou sept médecins sur dix ne parleraient pas de cette option à leurs patients.

Le podiatre a suivi une spécialisation de pointe à Paris, où il a maîtrisé l’innovation du chausson plâtré Ransart, développée par la Dre belge Isabelle Dumont. Il a acquis des techniques de conception et de modalités de décharge fabriquées sur mesure.

« Par le biais de la recherche universitaire que nous faisons, les patients ont accès gratuitement à des solutions performantes et novatrices, indique le Dr Hains. L’hôpital de Trois-Rivières a suivi le pas en instaurant le stage de podiatrie. Trois autres hôpitaux sont également intéressés. Je ne m’attendais pas à ce beau succès. Cela prouve que la podiatrie a un rôle important à jouer dans le milieu hospitalier, en étroite collaboration avec les pairs. »

Le projet a d’ailleurs été récompensé par l’Ordre régional des infirmières et des infirmiers de Laurentides/Lanaudière et l’Ordre des podiatres du Québec.

Tableau pied diabiétique

  • L’ulcération du pied touche entre 15 % et 25 % des personnes atteintes de diabète à un moment de leur vie
  • Plus de 30 % des patients présentant un ulcère vont subir une amputation
  • Une amputation d’un membre inférieur associée au diabète coûte entre 43 000 $ et 65 000 $
  • Le patient diabétique avec un ulcère à 47 % plus de chances de mourir dans un horizon de 10 ans que celui sans ulcère

*Source : Diabète Québec 

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